Il ne l’avait pas encore aperçu mais il l’entendait au fond du jardin.
« Souviens-toi, fiston, de ce que mon père
disait : les haricots doivent voir s'éloigner le jardinier. C’est mon père qui
l’affirmait. Alors, ne les recouvre que très peu ! »
Toni était
là, derrière une rangée de groseilliers déjà bien en feuilles, courbé sur le
sillon que Daniele refermait en respectant la consigne transmise de génération
en génération....
« Je vois », dit
Nanar, « qu’on transmet ici le savoir des anciens ! »
« Ben oui », acquiesça Toni en se rengorgeant, « c’est comme qui dirait un jardin ... pédagogique ! »
« Ma foi, mon petit Toni, j’espère
bien que non ! »
Dans ce
genre de situation, Toni préfère toujours attendre ...
Maria dont le
professeur Nanar n’avait pas remarqué jusque là la présence se mit à rire en se
relevant, la rasette à la main.
« Rassurez-vous, professeur ! Il ne pense pas ce qu’il dit :
ben, non, il n’a pas l’intention de planter des tomates dans des caisses. Nos
radis ne pousseront pas à la hauteur des yeux. On n’aura pas un cerisier en
pot. Nous, on fait du jardin, pas séance de cinéma ... »
« Eh bien », dit Nanar, « je ne
pensais pas trouver autant de chaleur et de bon sens. A la campagne, on cultive
son jardin. Le jardin pédagogique, c’est trois caisses misérables avec un pied
de tomate anémique pour faire oublier les hectares de terres arables
confisquées pour bâtir la cité radieuse en béton de demain. »
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Question de bac : reconnaître un pied de pomme de
terre d’un pied de tomate (les étiquettes devront être ôtées).