vendredi 22 mai 2015

L'arbre, avenir de l'humanité


 


 
 
 
 
 
 
 
Quand Toni saisit la carafe d’eau, le professeur Nanar recula précipitamment son verre.

« Vous ne mettez donc jamais d’eau dans votre whisky », demanda Toni ?

« Moi, quand je bois de l’eau, je bois de l’eau !  Noyer un 10 ans d’âge ou un VSOP est un sacrilège ... »

« L’eau, c’est pour les canards », avait-il coutume de déclarer à ceux qui lui en offrait. Faut reconnaitre que dans ces occasions, il en était économe.

« Vous avez foutrement raison d’économiser la flotte », répond Toni en rechargeant le verre de Nanar. « Avez-vous jeté un coup d‘œil sur votre dernière facture d’assainissement ? »

....

« Non ? Ben moi, j’y ai trouvé presque 20% de velours1 pour la commune ! Va falloir boire sec, camarade, si tu veux éponger la petite surprise ! »

Interloqué, Nanar réfléchissait : ...

« Moi, ma mère, elle allait à la pompe, pour le linge, pour la cuisine, pour se laver... tout, quoi !
C’était gratos ! »

Nostalgique, il vida son verre d'un trait et porta un toast à cette époque oubliée où la commune pouvait encore offrir à ses administrés un simple poste d'eau potable...

« Bah, dit-il, réduire ma consommation de 20%, ça doit être possible. » Mais il ne voyait pas bien comment ...

Sceptique : « Et si je me lavais sous la gouttière ? Non, je tomberais sous le coup d’un attentat à la pudeur ... Pire, l’eau de pluie, c’est illégal si on déclare pas, vu que ... elle retourne à l’assainissement ! »

? ? ?

Dubitatif : « Si, si, c’est du moins ce qu'affirme le bulletin municipal ! »

Emphatique : « La guerre de l’eau a commencé ; sauvons notre budget hydraulique. »

Triomphal : « J’ai ! »

Et Nanar précisa sa solution.

Solution que Toni admira sans réserve ; solution si simple que vous pourriez sans scrupules la mettre vous-mêmes en pratique. Oublions le luxe de détails qui en accompagnèrent la présentation : ce serait inconvenant dans un blog de haute tenue et sévèrement contrôlé.

Sachez cependant  que la première exigence est de posséder au moins un bel arbre, ou plusieurs, si vous répugnez à la miction en groupe ...

Convaincant : « Et tu conviendras, mon petit Toni, qu’avec mon conseil, les 20% sont tout à fait accessibles même si t’as pas de problème de prostate ! »

 


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1 – Audiard – Les tontons flingueurs.

« Velours » a le sens de « bénef »

« Du point de vue oseille, je te laisse de quoi faire ce qui faut pour la petite. Oui, j'ai des affaires qui tournent toutes seules. Maître Folace, mon notaire, t'expliquera. Tu sais combien ça laisse une roulette ! 60 % de velours ! »

jeudi 14 mai 2015

Le juge a dit à Jules

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 




Voici l’étonnante histoire de Grand Jules qui découvrit avec stupéfaction, à l’automne 2013, le montant des taxes foncières que les impôts lui réclamaient pour un petit bout de terrain hérité de ses parents, terrain mis au demeurant à la disposition d’un agriculteur du village ...
Sans préavis, l’impôt passait de 22 euros à 1410 euros, soit une augmentation de 6000 % !
Comment expliquer cette majoration faramineuse ?
Jules ne mit pas très longtemps à en découvrir l’origine, à savoir la décision arbitraire du maire du village de déclarer son terrain constructible dans le but de lui appliquer une majoration « coup de fusil » forfaitaire.
« Cornegidouille 1 » se dit Grand Jules, « constructible mon terrain ? Difficile d’accès, pas de réseau d’eau, pas de gaz, pas d'électricité ! »
« Ben, je m’en vais demander un certificat d’urbanisme à la mairie pour en avoir le cœur net. »
Comme de bien entendu, et sans surprise, le certificat d’urbanisme est refusé ; les termes exacts sont sans appel :
« Le terrain ne peut pas être utilisé pour la réalisation [d’une construction]. »
« P… de b… de m… ! », s’écrie Grand Jules :
 « Il y a une gonade dans la soupe ! Je vais payer pour un terrain constructible alors qu’il ne l’est pas ! »
Illico, réclamations de Grand Jules
- au maire ;
- au contrôleur des impôts ...
Le premier reste sur ses prétentions : « le terrain est constructible puisque Nous l’avons décidé »
Le second se défausse en expliquant « qu’il ne peut qu’appliquer la décision du maire ».
Fin de non recevoir ... mais le combat n'est pas terminé ...
Grand Jules décide alors de s’adresser au Tribunal Administratif.
Il fallut un an et demi pour que son affaire passât à l’audience, mais au final, sa persévérance fut récompensée ; Grand Jules a gagné :
« Monsieur […] est déchargé de la majoration forfaitaire de taxe foncière à laquelle il a été (injustement) assujetti […] » telle est la conclusion de cette affaire2.
Et maintenant, aux suivants !
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1 . Alfred Jarry – Ubu roi -1896
2 . T.A. Amiens - Jugement du 26 mars 2015 – Aucun pourvoi en cassation connu à ce jour