vendredi 2 mai 2014

Demain, on rase gratis !












Il avait bien fait les choses, le professeur Nanar ! Les invités n’auraient pas à se plaindre du buffet ; y avait même de l’eau pour les innocents qui mouillent le whisky ...

Mais savoir la raison de l’invitation... Mystère bien gardé : Nanar était resté  totalement fermé à toute question, un petit éclair de malice dans l’œil gauche.

Quand Toni arriva, avec comme d’habitude un peu de retard et une bonne excuse pour passer par la salle bain (la mobylette, monsieur !), le professeur Nanar était en train de s’expliquer : « Je vous ai réunis, chers amis, pour fêter le résultat des élections municipales ... »
Il regardait tout autour de lui, le pauvre Toni, convaincu qu’on lui voulait jouer un tour, lui faire payer son retard par une mystification déloyale. Pourtant, personne ne semblait s’intéresser à lui. Il attendit ...

« Chers amis, » poursuivait Nanar, « je lève mon verre à la santé des habitants lucides de notre beau village ; considérez avec satisfaction qu’un électeur sur trois a bien compris la situation financière de notre commune et pris en compte l’endettement exceptionnel de chaque habitant. Certes, les autres n’ont pas encore eu le temps de comprendre, ou ont refusé pour diverses raisons. Soyez assurés qu’avec le temps, leurs yeux s’ouvriront. Ne baissez pas les bras ; ne vous laissez pas enfumer par les projets grandioses ; regardez seulement comment la montagne a accouché d’une souris ! »

On trinqua sans plus de cérémonie ; un invité avait profité de l’occasion pour nous faire goûter un alcool bizarre rapporté dans ses bagages du bout du monde, un curieux breuvage accompagné d’insectes exotiques grillés. Les plus téméraires en voulurent faire l’essai, les autres s’excusèrent en se disant condamnés aux boissons de régime.


Si les sauterelles au piment rouge n’avaient pas convaincu le professeur Nanar, elles n’avaient pas non plus réussi à le rendre plus diplomate dans ses propos. Un voisin l’entendit distinctement grommeler dans sa moustache : « Ces foutues bestioles, c’est comme le parking de la fontaine : j’en connais au moins un qui trouve ça de bon goût. Foutaises ! »

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