jeudi 22 mai 2014

Un dimanche à la campagne



Ado nonchalant et persuadé depuis longtemps que « rien ne sert de se démener. Laissons-nous faire », Phil faisait de vagues études et le désespoir de ses parents, partageant le gîte et le couvert, mais rarement l’avis de ses géniteurs.

Enfin libéré de ses obligations scolaires, son emploi du temps n’était occupé que par la découverte de la géographie de son coin de banlieue parisienne qu’il refusait obstinément de quitter, même pour quelques heures ...

C’est donc miracle qu’il ait consenti ce dimanche-là à accompagner son père à la campagne.

Mais avant de vous en conter davantage, laissez-moi vous présenter succinctement les personnages.

Donc, Phil, en vérité Philibert, est le fils de René qui est le frère de Bernard, alias Nanar que vous connaissez et qui, comme dit Phil, vit à la « cambrousse », ce qui fait de lui l’oncle de Philibert et de Philibert son neveu qui « reste » à Paris ...

Vous saisissez ?1

Mais revenons plutôt à cette journée de printemps qui fut une journée de printemps comme on en voit trop rarement de telle : « un ciel bleu  comme dans les peintures », un panorama exceptionnel sur la vallée, pas un camion, pas une mobylette ; rien quoi ! Que du bonheur à déguster sous les arbres dans un transat à fleurs, dans l’odeur des seringats et de la julienne des dames2...

« P..... ! C’est trop mortel, ici ! » déclare Phil en tournant les talons.



On ne le revit que tard dans la soirée lorsque la fraîcheur avait envahi le jardin.

On l’avait vu partir traînant les pieds, le front bas, sombre. Il nous revenait transfiguré, épanoui, intarissable.

« Je le crois pas, » disait-il ! « C’est trop puissant la cambrousse ; les bouseux, ils ont des parkings que tu te croirais chez toi : t’as des bancs que t’es juste à côté du stop. T’as de l’essence, du diesel, de la pétoire ... et ça pile sec et ça redémarre en patinant... C’est trop puissant, c’est ça que je dis ! Je kiffe à donf !»

Il a ajouté qu’il reviendrait.



Encore un pas de géant vers le progrès, qu’il a dit Nanar ...


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1 – « Comme un huissier ! » aurait répondu Alphonse Allais.
2 – Plante à fleurs pourpres.

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