dimanche 27 mai 2012

Les entretiens du professeur Nanar (12)







La révélation




Comme il atteignait l’orée du village, Toni freina brusquement : des centaines de fois, par beau temps, sous l’ondée, de jour comme de nuit, selon les aléas des chantiers en cours, il était passé là mais jamais il n’avait été frappé par cette évidence.

« Mais c’est bien sûr », se dit-il en immobilisant sa bleue devant le panneau émaillé qui signale à l’automobiliste distrait qu’il entre dans une agglomération...

Faire part de sa découverte au professeur Nanar le rendait tout émoustillé et le détour ne lui prit que quelques minutes.

« Professeur, je viens de comprendre pourquoi on ne ralentit pas dans le village : c’est à cause de l’ARLLE ! »

Toni étant coutumier d’une forme d’humour décalé capable de surprendre, le professeur Nanar pensa d’abord à une blague et attendit la suite.

« Ben oui, c’est clair : le chauffeur, il voit la banderole, alors il lit l’inscription, là, il est frappé par la couleur et du coup, il oublie de ralentir vu qu’il n’a pas vu qu’il entrait dans un village. »

« Élémentaire », dit Nanar ; « voilà pourquoi ça roule à tombeau ouvert dans cette rue. Ça serait une bonne idée de placer un radar pédagogique comme à Gorgny ! »

« Mouais », ajoute Toni, « si le gars ne lit pas vite, le temps qu’il arrive au bout de la ligne, sa bagnole grimpe dans le bac à fleurs. Et là, ça peut devenir risqué. Surtout quand le gars d’en face met la gomme pour te passer devant le nez en slalomant. Moi, avec la bleue, je fais gaffe ! »

- Tu sais que tu as drôlement raison, Toni ! Le principe de précaution doit être appliqué, surtout qu’il est plus facile de déplacer la banderole que le bac à fleurs qui est l’obstacle le plus pervers.
Et je vais encore te dire un truc qui devrait les inciter à enlever cette inscription dangereuse : quelqu’un prétend qu’elle serait illégale.

- Comment ça ?

- C’est évident : paraît qu’elle devrait se trouver à 50 centimètres du sol.

- Oui, et alors ?

- Ben voilà le plus grave : elle ne serait qu’à quarante huit !

- Ça, dit Toni, ça ne rigole pas : quand je pose des fenêtres, je ne pourrais pas me le permettre non plus !






5 commentaires:

  1. Énigmatique !
    J'espère un complément pour avoir, moi aussi, la révélation.

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  2. C'est une saga, ou une malédiction l'affichage à Ressons... Après les panneaux d'affichage libre absents ou placés dans des endroits exotiques, l'affichage municipal qui ressemble à une exposition philatélique, voici donc l'affichage privé facteur de délinquance routière... Va falloir que je me renseigne pour savoir si le panneau à l'entrée de mon bourg "Ici on vands des pommes" (sic) est tout à fait règlementaire. Et je ne parle pas des panneaux de la gazette locale à ras du sol et sur le trottoir qui détournent constamment mon regard d'automobiliste avec leurs titres accrocheurs...

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  3. En fin d'année examen, pour voir si tous les articles des différents codes régissant la vie municipale sont bien appris. Attention, il faut les connaître par cœur, autrement gare à la sanction !!!!

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  4. On se s'improvise pas pas juriste aussi facilement que marchand de vélos.
    Il serait intéressant de connaître ce que coûtent aux Ressonnais les frais d'avocats des élucubrations procédurières du premier magistrat !

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  5. J'aurais pensé que c'était plutôt le massif fleuri devant la banderole qui aurait distrait les conducteurs..
    Pas logique l'idée selon laquelle lire la banderole empêcherait de rouler moins vite à l'entrée du village, au contraire quand on lit, on lève le pied non ?

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