Maria revenait du marché du village. Elle rentrait la mine lasse, découragée.
« Ça, un marché ! », souffla-t-elle. « Deux malheureux attendant un client égaré
dans le coin. En plus, la station service fermée ... »
« Je sais », dit Toni. « C’est triste, vu qu’il n’y en a plus qu’une
maintenant ; et qui pourrait bien mettre aussi la clé sous la porte dans
peu de temps. »
Il
est vrai qu’avec sa bleue, Toni s’en sortait toujours : tu pousses le cran
sur le volant, et tu pédales. Quand ça descend, c’est l’Amérique ! Quand
ça monte trop fort, tu marches à pied. Super !
Le
professeur Nanar semblait sourire à l’exposé enthousiaste de ce moyen de
transport. Mais ce sont des images enfouies dans sa mémoire qui remontaient
soudain à la surface :
« Tu peux pas imaginer ce que c’était le marché autrefois ... Quand je
sortais de l’école le samedi à midi – ben oui, on allait à l’école le samedi,
mon gars – je devais passer par la place du marché pour prendre le tram. Alors,
là, y avait tout au bout les marchands de vêtements, de rubans, de dentelle, de
chaussures ; puis, plus loin, les bouchers et les charcutiers sous la
halle ; on tombait plus loin sur les fruits et les légumes ... Et y avait
un monde ! Et les vendeurs te faisaient leur boniment, vantaient leur
production. On parlait pas bio , mais c’était bio !
Mais attends : là, au coin, c’était les camelots, les
bonimenteurs, les artistes du bagout, de l’illusion. Les badauds
s’agglutinaient pour entendre leur numéro de cirque :
« Pour 10 francs, vous partez avec ce magnifique
lot de 5 couteaux en acier inoxydable, auquel j’ajoute le couteau à pain, le
couteau à désosser, le couteau de poche et bien sûr l’indispensable couteau à
éplucher les pommes de terre ! Je ne fais aucun bénéfice ... »
Un autre saisissait la casquette crasseuse d’un compère qui protestait
pour la forme ; il la lui rendait bientôt
plus éclatante de couleurs qu’une neuve.
Puis venait inévitablement le moment de mettre la main à la poche ;
le groupe s’éparpillait comme une volée de mouches.
Chaque samedi, le spectacle était différent, le saltimbanque répugnait
à revenir là où il avait réussi à escroquer quelques naïfs. Forcément, quand
vous croyez avoir fait une affaire sur un lot de pierres à briquet et que vous
vous rendez compte qu’il s’agit de bouts de rayons de vélo, le camelot a
intérêt à changer de région !... »
Nanar
était intarissable sur le sujet ; le film restait intact ; il était à
nouveau en culottes courtes et son sac d’école, il le sentait peser dans son
dos ...
« Finalement, c’est quand même bien », dit
Maria, « qu’il n’y ait plus de nos
jours ce genre d’individus qui vous racontent n’importe quoi, qui cherchent à
vous faire prendre des vessies pour des lanternes ... »
« C’est pas que je m’ennuie avec vous, mais il se fait tard », dit le professeur
Nanar. « Je ferais bien de rentrer ... »
Il
n’avait pas envie d’assombrir davantage l’humeur de ses amis en leur ouvrant
les yeux sur ce sujet...
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Lu dans le dossier de révision du PLU de Ressons (PADD
– page 9) :
" Limiter le besoin de déplacement
La municipalité souhaite limiter le besoin de
déplacement des habitants de la commune en favorisant le commerce de proximité
ainsi qu'en développant une zone commerciale aux abords de la RN 31 où
pourraient être implantées au moins une moyenne surface commerciale ainsi
qu'une station service. "
Zone commerciale à la vache noire ........! C'est vraiment une belle utopie. Cela montre bien la folie des grandeurs qui anime notre édile, Il devrait se présenter aux municipales à Paris, Marseille ou autre métropole régionale.
RépondreSupprimerUne moyenne surface " Il n'y en a pas déjà une à Vic sur Aisne ?
RépondreSupprimerEt une station service ?
En quoi un nouvel espace commercial rendrait-il service aux Ressonnais en particulier ?
En revanche, il signerait la mort des petits commerces qui survivent déjà difficilement alentour.
Encore une idée "géniale " servant de prétexte à la modification du PLU mais qui n'a fait l'objet d'aucune publicité préalable de la part des élus, comme d'habitude.
Le plus hallucinant est la justification de ce désir de bétonnage de la Vache noire par l'argument écologique et économique : limiter le besoin de déplacement !
RépondreSupprimerLe raisonnement laissera pantois ceux qui ne trouvent pas l'idée géniale.
Je m'interroge sur les critères qui définissent la "limitation de besoin de se déplacer" pour un bourg qui fait 6 km de long. Qui par rapport à quoi ? Si on considère que la proximité (n'oblige pas à prendre un véhicule) est autour de 1000 m, il faudrait 5 "centres commerciaux". A la Vache Noire on est à une portée de flèche des commerces et du super marché de Vic. Et pour quel chaland ? Une étude de marché -t-elle montré qu'il y avait la place pour 2 "moyennes surfaces" sur cette aire ? Il faudrait des plues values (services, amplitude horaire, choix, produits locaux) sacrément attractives pour éviter le hangar blafard qu'on ne fréquente que le dimanche matin parce qu'on n'a plus de sel (et que le voisin n'est pas là).
RépondreSupprimerJ'ai connu une épicerie à Ressons, qui rendait service mais ne pouvait tourner telle quelle. Jusqu'à peu il y avait 1 bar tabac. Le truc intelligent ça aurait pu être que la Mairie prenne l'initiative de regrouper ces 2 services de proximité, de salarier des employés pour faire tourner (pas question de miser sur un chiffre d'affaire) et de proposer des services tels que relais poste, lieu de dépôt des colis commandés sur Internet, etc... Je ne suis même pas certain, vu la volumétrie humaine, que ça soit viable même ouvert 7 jours sur 7 de 9h à 22h. Mais si les murs appartiennent à la mairie, que le personnel est salarié, il suffit de prévoir un budget d'approvisionnement et d'essayer d'équilibrer avec les ventes. Ça s'étudie sérieusement, je suis incapable de le dire au doigt mouillé.
Et il semblerait qu'à la mairie la politique se fasse essentiellement au doigt mouillé.
Excellente analyse !
SupprimerBien sûr qu'il n'y a pas place pour 2 supermarchés dans un rayon de 6 km, ça tombe sous le sens. Et on ne parle évidemment pas des aménagements routiers qu'il faudrait réaliser et qui ne seront jamais pris en charge par le département.
Ce projet qui figure bien dans le PADD est destiné à faire croire au dynamisme ( toujours contrarié par des rabat-joie ) d'un maire qui ne se préoccupe en réalité ni de saine gestion des finances communales ni de respect de l'environnement mais veut juste donner une image qu'il croit valorisante de sa personne.
Du béton, toujours du béton...
Pas besoin de faire disparaître des terres agricoles et de bouleverser le paysage alors que des espaces industriels vides existent bien à La Vache Noire qui pourraient être réutilisés en cas de besoin réel.
Il est important que des commentaires à ce sujet figurent dans le cahier du PLU.
Il y a l'argument officiel, louable, celui de l'écologie : limiter les déplacements, automobiles s'entend.
RépondreSupprimerEt il y a sûrement des motivations plus profondes ... :
- Donner une image dynamique ! Oui mais, à Ressons, seule l'image est dynamique, parfois hypnotique. (Même le cinéma rural annoncé n'a pas été réalisé !)
- Damer le pion aux communes voisines ! Mon pôle scolaire, mon supermarché, ma maison de retraite, ma station-service ...
- Ou bien alors ... ?
Station service ? N'est-ce pas antinomique avec des services de proximité sensés éviter l'usage de l'automobile ? Et économiquement insensé, on sait bien que le conducteur moyen est prêt à faire 10 bornes pour trouver du carburant moins cher, or, mathématiquement, le carburant serait alors hors de prix. A moins que la mairie ne le subventionne pour faire une offre à prix d'achat permanente, mais alors bonjour les impôts !!! Et ce serait faire fi des géants pétroliers qui imposent leurs prix (en plus du prix du baril). Mais pourquoi donc toutes les stations indépendantes ferment-elles ? (sourire narquois). A moins bien sûr d'avoir un débit proche du Cora de Soissons... Restons sérieux.
SupprimerPour limiter mon besoin de déplacements automobiles, il me faut tout ou presque à proximité, soit de mon lieu de résidence, soit de celui de mon travail, au mieux des deux.
SupprimerSi Soissons se trouve sur mon trajet quotidien, je vais en profiter pour y faire mes courses, y choisir mes amants et mes docteurs, … Ainsi je ferai des économies d’argent, de temps et je réduirai mon empreinte carbone.
Et que dois-je faire si j’habite place de la Fontaine et que je travaille rue de la Gare ?
Vite, vite, une clinique, je viens de me prendre le doigt dans le dérailleur !
La modification du PLU ne s'imposait nullement.
RépondreSupprimerLe PLU de 2005 avait été établi ( des conseillers municipaux de l'époque peuvent en témoigner ) dans le but de permettre des constructions en fonction de l'offre et de la demande de terrains, en délimitant simplement des zones 1AU et 2AU.
La donne change en 2008, on se retrouve dès 2009 avec un projet autoritaire d'un lotissement démesuré, main-mise sur des terrains privés, et à terme, expropriation programmée, alors qu'il n'y a pas de besoin réel.
Et maintenant, le projet de transformation de notre beau village gonfle encore. On nous annonce une nouvelle zone constructible à La Vache Noire : des maisons, un centre commercial ( rien que ça ! ), une station-service...Pourquoi pas un golf, une piscine, un hippodrome, pendant qu'on y est ?
Conséquence : il faut modifier le PLU.
Même si les projets sont surréalistes, il faut les transcrire sur le papier, tracer des plans, les remanier, réunir des commissions. Les bureaux d'études ne chôment pas, eux, et ne vont pas s'en plaindre.
Mais ils ne travaillent pas pour rien.
Justement, les contribuables ressonnais aimeraient bien connaître le détail et le montant total des sommes engagées par la commune depuis le début des projets mais, comme par hasard, le détail des comptes administratifs tarde à venir.
Le PLU de Ressons ne date que de 2005. Il a été adopté sous le précédent mandat (A l'époque Debosque était maire et Rébérot adjoint).
SupprimerEn 2010 il a été, une première fois modifié (Rébérot maire et Debosque adjoint).
A l'heure actuelle, c'est une révision qui est en cours : une refonte totale !
Des grosses dépenses à répétition qui montrent bien une gestion à la petite semaine.
Vu les contestations autour du projet actuel, il n'est pas sûr que ce PLU tienne longtemps la route.
Et pendant ce temps là, les contribuables trinquent !