dimanche 27 octobre 2013

Avis d’orage















Toni qui a toujours eu avec le ballon de Muscadet un rapport difficile devenait de moins en moins euphorique. Certains deviennent gais. Lui, ça le rend sombre, amer. Lucide, en somme ...

In vino, veritas ...

«  Qu’est-ce qu’y en a comme malfaisants », finit-il par grommeler.

Le visage ahuri du professeur Nanar l’incita à éclairer tant soit peu cette remarque d’une banalité affligeante. Au lieu de s’égarer dans les longs préliminaires habituels, il vida son sac :

- Ben oui, Prof, c’est encore mon voisin Monsieur Leroy ; il dit comme ça tout partout que je l’ai traité de c...

- Et ?

- Ben, non, pas du tout. Je causais des c.... en général. Il a pris ça pour lui.

- « Qui se sent morveux ... »

Toni ne releva pas.



- En réalité, il est furax depuis que j’ai refusé de lui céder un morceau de mon terrain. Il disait que j’avais pas besoin de tout ça ... que lui, il en avait besoin pour mettre sa bagnole à l’abri, que j’étais un égoïste ... et patin et couffin. Et finalement, c’est bien lui qui a déclaré que j’étais un sale c...

- Mouais, dit Nanar, grossier, mal embouché, et pas très inspiré ; c’est un peu court !

Il resta silencieux un moment, comme perdu dans ses pensées ...



Puis il sortit de sa rêverie.



- Sais-tu, Toni, dit-il, qu’il aurait été amusant de développer un peu la chose en somme.



Par exemple, parodiant Audiard : « si la connerie se mesurait, tu serais le mètre étalon »

Populaire mais excessif : « plus con, tu meurs ! »

Admiratif : « toi, t’es pas la moitié d’un con ! »

Insinuant : « Celui que te prend pour un con, c’est qu’il te connaît ! »

Dubitatif : « Pour être con à ce point, faut avoir suivi des cours ! »

Emphatique : « Dans la grande armée des cons, tu serais au moins général ! »

Attristé : « On n’a pas le droit d’être aussi con. C’est illégal ! »

Présidentiel : « Ben alors, casse-toi, pauv’ con ! »

Empruntant à Raimond Dronne son slogan peint sur sa Jeep : « Mort aux cons ! » qui fit dire au Général : « Vaste programme !».



Mais si tu m’en crois, Toni, le plus difficile est encore de se bien connaître et tel qui prend le voisin pour un c... devrait s’inspirer d’une épitaphe exposée à la vue de chacun et qui dit en substance que pour savoir qu’on est c..., faudrait pas l’être !



« Vaste programme » !



Et encore distinguer les différentes catégories de cons comme le fit si bien entendre Georges Brassens : y a les braves et y a les teigneux.

Les premiers s’amusent, ils nous font rire ; les seconds prennent leur pied en nous pourrissant l’existence.


2 commentaires:

  1. Juste Bravo !!!! Le diagnostic (s'il était besoin) est confirmé.... Le remède pas encore trouvé.

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    1. Pas de remède non plus pour un certain mal mystérieux dont on cache le nom . La seule solution pour les victimes est de fuir.

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