jeudi 19 janvier 2012

Chapeau l’artiste !




Depuis qu’il est allé voir le spectacle de prestidigitation de la fête de l’école, le fils de Toni est intarissable sur le sujet.


Cinq ans est un âge merveilleux qui fait du plus élémentaire escamotage un tour de magie ; à plus forte raison quand l’artiste sort de son chapeau le pigeon imprévu qui se pose sur l’épaule de l’enfant.


Invité par son ami pour l’anniversaire du jeune admirateur de l’empalmage, le professeur Nanar est arrivé avec un petit paquet enrubanné qu’il a posé sur le guéridon de l’entrée sans rien dire.


La conversation ne tarda pas à dériver sur la nouvelle passion du petit Daniele, un prénom si léger, si doux à prononcer, lé plus beau prénom dé tous, dit Toni ...

- Le monsieur, il a montré le chapeau qu’il avait rien dedans et il a donné un coup de baguette magique et il y a avait un oiseau qui s’est envolé du chapeau ! Je l’ai vu. C’est vrai !

- C’était un pigeon !

- Oui, un beau pigeon, et il s’est posé sur ma tête.
Après, il a pris un journal, il a fait du feu avec le journal. Et il a montré le journal pas brûlé du tout et il a fait voir à tout le monde le journal, qu’il était pas brûlé du tout. Je voudrais bien savoir faire comme le monsieur ! 1

Alors, le professeur Nanar a dit à Daniele d’aller voir sur le guéridon.

Maria se mit à rire en le voyant s’acharner sur le ruban, puis elle lut à haute voix :

« COFFRET DE MAGICIEN – TOURS DE PRESTIDIGITATION » 2

Laissant l’enfant découvrir le contenu du coffret, Maria déclara en riant :

- Nous allons avoir bientôt un célèbre escamoteur dans notre beau village !

- Non, deux, rectifia le professeur Nanar. Deux. Car vous devriez savoir que nous en avons déjà un dont la carrière s’annonce brillante !

- De qui parlez-vous ? Vous nous faites marcher, professeur. Dites-nous son nom au moins !

- Je ne peux pas vous dire son nom ; vous savez que j’évoque ; je ne balance pas. Mais je peux vous aider à trouver. Surtout ne prononcez pas son nom quand vous aurez trouvé :
Voilà ce que je peux vous dire :
Il est capable de faire disparaître un individu. Hop, comme ça !

Et Nanar fit un petit geste entre le pouce et l’index.

- Il peut faire disparaître des dossiers complets.
Ou des feuillets.
Ou des plannings.

Et les faire réapparaître, comme ça, des semaines plus tard.
Ou des comptes-rendus après des années. Et personne n’a rien vu !
Enfin, si, quand même quelques-uns !
Vous trouvez, maintenant ?

---------------------------------------------------------

NDLR :
1 - C’est ce qu’on appelle une passe : disparition, substitution, apparition ...
2 - Mais en lisant la notice de ce petit coffret, vous allez vous instruire ; vous saurez ce qu’est un baron, le boniment, le débinage, bref, les ressorts de ce beau métier d’art qui demande le secret ... et la complicité de quelques accessoiristes...

11 commentaires:

  1. L'illusionniste s'est d'abord illustré, avec succès, par des promesses électorales auxquelles beaucoup se sont laissé prendre : dès lors, pourquoi se gêner ?
    La disparition d'objets, étant l'exercice de base de tout prestidigitateur, on ne s'étonnera que cette pratique soit utilisée pour décourager les curieux qui ont l'audace de vouloir s'informer.
    Sim Simon

    RépondreSupprimer
  2. En effet les comptes rendus de juin 2009 sont apparus. Comme quoi avec de la patience, tout arrive..

    RépondreSupprimer
  3. Les remontrances de M. Le Sous-Préfet seraient-elles pour quelque chose dans cette réapparition ?

    Maintenant qu'on a accès à ces fameux comptes-rendus, on comprend pourquoi ils n'étaient pas publiés !
    Lecture et analyse trés édifiantes !

    Lajane

    RépondreSupprimer
  4. Le programme de Ciné rural itinérant : "Rien à déclarer"...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Non, le film a été déprogrammé et remplacé par "Une femme disparaît". La semaine prochaine, on aura : Soupçons", puis "le crime était presque parfait".
      Eddie Lefort

      Supprimer
  5. C'est à l'unanimité d'un conseil municipal censé représenter les intérêts des administrés que le projet a été décidé en 2009, sans consultation, sans information préalables.
    Sans état d'âme non plus, apparemment.
    Pas étonnant qu'aucun des conseillers n'ait crû bon de rappeler au maire que, lorsqu'on se pique de transparence et de démocratie, on n'escamote pas les comptes-rendus qui doivent être tenus à la disposition des citoyens.
    Black out total et le tour est joué.

    RépondreSupprimer
  6. "La ligne conductrice de la commission sera de faire abstraction des biens et des propriétés de
    chacun et d’avoir une réflexion sur l’aménagement d’une manière générale."

    "Le PLU date du 30 juin 2005. Réviser un PLU est une entreprise qui prend une année de démarche.
    Dans le cadre de l’aménagement du secteur de la Trésorerie, nous serons amenés à le transformer,
    changer le 2AU en 1AU par exemple."

    Voilà ce que disaient les comptes rendus de Juin 2009 mis en ligne en Janvier 2012 !

    RépondreSupprimer
  7. " Faire abstraction des biens et des propriétés..."
    C'est, par voie de conséquence, faire abstraction des citoyens de ce village qui possèdent ces biens, reçus de leurs parents ou acquis par leur travail.
    Cynisme et déshumanisation totale de la gestion communale.
    Le maire joue au Monopoly. Les Ressonnais n'ont pas de visage.
    Ressons n'est pas une communauté de citoyens avec des droits mais un territoire à découper pour en tirer une hypothétique gloire personnelle.
    Plus de 2 ans après ces décisions de juin 2009, si soigneusement escamotées, on peut en mesurer les effets
    désastreux.
    Sim Simon

    RépondreSupprimer
  8. A lire ces " directives " si longtemps cachées, on éprouve un certain écoeurement.
    Ce maire, fraîchement élu à ce poste, révèle en une phrase son mépris des gens, son absence de scrupules, son autoritarisme.
    Et, ce qui est grave, personne autour de lui ne fait le moindre commentaire modérateur.
    Tous béats et conquis !
    Quelle trahison !

    RépondreSupprimer
  9. Lisez dans le Canard Enchaîné de cette semaine l'article à propos du livre "L'enfer vert" par Tomjo qui parle des écolo-technocrates de Lille. Le livre se termine ainsi : " Ils sont les meilleurs gestionnaires dont le techno-capitalisme a besoin pour survivre à ses propres méfaits, pour renouveler les marchandises et les discours." (126 pages 5 euros courriel : badaboum_editions@yahoo.fr)

    RépondreSupprimer
  10. Ressons le long dynamique vous propose une séance de cinéma : "Rien à déclarer", un film signé Dany Boon, d'une finesse irrésistible et d'un goût raffiné. Vous pourrez le visionner assis sur de confortables chaises en plastique moulé.

    On va dire que je suis rabat-joie, mais à l'heure des multiplexes aux fauteuils moelleux et au son Dolby, faut être courageux pour aller voir un film dans des conditions pareilles.

    RépondreSupprimer