vendredi 24 janvier 2014

Elle est chouette, ma mémé !














Moi, j’aime bien aller chez ma mémé ! Ma mémé, elle me raconte plein de trucs de quand qu’elle était jeune. Elle me cause des gens qu’elle a connus du temps qu’elle portait le courrier avec son vélo. Sûr qui y en a pas mal qui dorment maintenant dans la terre ... comme son grand-père à elle, sauf qu’on sait pas bien où ?


Sûr, il est sur une plaque, avec les autres, tous ceux du village qui ont péri comme lui... Elle dit comme ça que ça la console pas d’avoir pas connu son grand-père et surtout d’avoir vu si souvent sa grand-mère pleurer, mais qu’est-ce que tu veux y faire ?


Je lui dis : «  Mémé, arrête ! T’es trop obsédée par le passé ! »

« Bis repetita non placent » qu’elle me fait.

Elle croit peut-être que je comprends pas : c’est un truc que j’ai lu dans les pages roses de son vieux dico. Ça veut dire que je radote.


« Oooh, Mémé, fâche-toi pas ! C’est juste quand même trop une langue morte ! »

Elle a regardé en direction du plafond, un petit moment ...

« Parlons d’autre chose », elle a soupiré, « on se fâcherait ! »

« Ouais », j’ai crié. « Gabin, dans le Cave ! Super ! Je connais ! »


Ma mémé, elle adore les vieux films du temps passé. Gabin, elle kiffe un max. Pardon, je veux dire qu’elle est un peu trop tournée vers le passé, comme je lui dis toujours ...

Du coup, pour éviter l’affrontement, je lui ai causé qu’il était question qu’on allait le déménager pour le mettre mieux en valeur son monument qu’elle a en photo dans son album du temps passé. « Même qu’y aura des lumières pour qu’on le voie bien en entrant dans le parking », j’ai précisé.


« Chouette, non ? »


Au lieu de me répondre «  Super », comme j’attendais, elle a encore levé les yeux vers le plafond où qui y avait rien.


Juste le plafond.


Puis, elle est allée chercher son vieil album avec une couverture en cuir tout usée. Elle a sorti la photo et me l’a collée sous le nez :

« Regarde bien, cervelle ramollie, regarde la foule ; c’était en 24. Y avait là tous les gens de ton village, ceux qui avaient perdu un père, un fils, un ami, un voisin. C’est sur ce bout de terre qu’ils avaient choisi de rendre hommage aux disparus.

Pour toujours.

Et pas sur un parking ... »


Alors, j’ai bien regardé et j’ai dit : «  Arrête, mémé. T’as raison. J’avais pas bien vu jusqu’à présent. »

« Regarder et voir, c’est deux choses différentes1» a-t-elle ajouté.


Alors, en passant, tout à l’heure, je me suis arrêté pour relire tous les noms des victimes honorées par la ferveur populaire en 1924 et qu’on projette de déménager comme une étagère pour meubler le vestibule...

« Adorner2 un parking ! », j’ai pensé. « C’est ça qu’on appelle être dynamique et tourné vers l’avenir. »


Tiens, je commence à penser comme ma mémé...



                                                                                 Stéph

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1 – En référence à Oscar Wilde – Le mari idéal

2 - Embellir, décorer. C’est un vieux mot. Ma mémé, elle aime les vieux mots ...








18 commentaires:

  1. " Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit

    Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places

    Déjà le souvenir de vos amours s’efface

    Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri.

    Aragon

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  2. Pour info, trouvé sur le site de la Préfecture du Calvados concernant les subventions pour déplacement de monuments aux morts. La mise en gras de certains passages est de mon fait.
    "La subvention [pour déplacer un monument au morts] intervient sur des opérations de réalisation ou de rénovation. Le cas d’un déplacement peut être retenu favorablement, mais il doit rester exceptionnel et son motif doit revêtir un caractère impératif lié à des motifs de sécurité (ex : l’emplacement actuel s’avère dangereux pour la circulation), d’inaccessibilité au public (ex : la voie d’accès initiale est devenue impraticable) ou de risque de destruction du monument (ex : situation sur le futur tracé d’une nouvelle route).
    Les travaux subventionnés sont exclusivement ceux qui concernent directement le monument (ou la plaque). Les coûts des opérations de valorisation (mise en place de végétaux, muret, éclairage, etc.) ne sont pas pris en compte pour le calcul de la subvention. A fortiori, il en va de même pour les travaux d’aménagements urbains (réfection de la place, des trottoirs, mise en place de bancs, etc.).
    Toutefois, s’il s’avère que des éléments extérieurs à l’édifice qui sert stricto sensu de support aux noms peuvent être logiquement considérés comme parties intégrantes du monument d’origine (exemple : obus reliés -ou non- entre eux par des chaînes), ils seront pris en compte pour le calcul de la subvention à accorder.
    Les travaux ne doivent pas avoir été effectués avant la réception de la demande de subvention par le service chargé de son examen."

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    1. Désolé, ça casse un peu la poésie

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    2. On cherche en vain le "caractère impératif " lié à la sécurité pour déplacer le monument aux Morts.
      En 90 ans, quel incident ou accident invoquer ?

      Les totems récemment installés, eux, sont vraiment dangereux en plus d'être hideux. Injonction a été faite par le Préfet de les enlever.
      Mais, curieusement, la municipalité n'est pas du tout pressée d'obéir.

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  3. Si vraiment il y avait un problème de sécurité, ça se saurait : ça fait quand même depuis 90 ans que le monument est à sa place actuelle.
    Mais, comme il a déjà été démontré, la sécurité n'est pas le fort de notre homme. Rappelez-vous l'accident dans la rue du Routy causé par un pot de fleur en béton installé sur la chaussée.

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    1. La sécurité n'est qu'un prétexte.
      Il fallait bien un motif de départ pour pouvoir modifier radicalement la place de la Fontaine mais ce n'est pas le motif réel.

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    2. Et vous avez bien noté que la dalle présentée en chapeau de ce post n'est pas subventionnable... Le(a) contribuable ressonnais(e) est-il(elle) une vache à lait ? Jusqu'à présent l'élevage laitier n'était pas une spécialité locale que je sache.

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    3. Que dalle, le coût de la dalle. Ce qui va coûter bonbon, c'est le démontage, le transport, le remontage du monument et la remise en état de la parcelle d'origine qui n'appartient pas à la commune !

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  4. Il faut exiger la diffusion des documents prouvant que ce déplacement est légal et que toutes les autorisations ont été données pour que ce monument soit délocalisé.
    Il est inadmissible que l'équipe municipale décide de déplacer un monument historique. Déplacerait-on un calvaire, un lavoir, une chapelle ?
    L'équipe nous a trop habitués à des absurdités pour qu'on lui fasse confiance, après le parcours de santé, les panneaux géants, la borne pour véhicule électrique, le déplacement d'un monument aux morts confirme que la réflexion et le sens de la mesure manquent décidément à l'élu.

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  5. Le plus inadmissible est l'attitude de tous les conseillers municipaux sans exception, le laissant faire des choses inutiles ou risquées et par la même gaspiller les deniers publics !

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  6. AUCUNE information concernant le déplacement du monumentaux Morts sur le site internet de la mairie, j'ai cherché en vain .
    ENCORE UNE FOIS des décisions importantes sont prises en catimini, sans prévenir la population.
    Pourtant des bulletins luxueux paraissent régulièrement, il serait facile de glisser un paragraphe sur les projets et travaux en cours.
    Le premier élu aurait-il un problème de rétention ?

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  7. En réalité le socle en béton sur le parking n'est pas pour le monument aux morts mais pour y ériger sa statue.

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    1. Vous verrez que Rébérot est comme un coq, capable de chanter les ... (Sur ce blog, il faut parfois ne pas finir ...) !

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    2. En l’occurrence, je ne pense pas qu'il s'agisse de troubles aphasiques ou dyslexiques, mais plutôt d'une prudence bien compréhensible.
      A Ressons, des gens ont la pétoche des représailles !

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    3. Un bon maire doit être respecté, pas craint !

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  8. De toute façon ce conseil est champion pour faire des travaux sans subvention : ou le dossier est mal fait et la subvention est refusée (ce qui est normal !), ou on commence les travaux avant d'avoir la réponse, ou ne fait pas de demande....... enfin c'est toujours du n'importe quoi.
    C'est facile de dépenser quand ce n'est pas ses propres deniers !
    Espérons que les Ressonnais vont comprendre qu'ils se sont fait abuser lors des dernières élections.

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  9. Rébérot s’ennuie le dimanche « comme un chien dans un cimetière le quatorze juillet *».
    Vous saura-t-il gré d’avoir ainsi occupé ses nombreux week-ends où il n’était pas invité chez l’un, chez l’autre ?
    Que fera-t-il le jour où il ne sera plus rien qu’un citoyen lambda dans la commune, sans avoir à surveiller ce blog 24 heures sur 24 ?
    (*) Hubert-Félix Thiéfaine – De l’amour, de l’art ou du cochon ?

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