samedi 15 octobre 2011

Fiction







Comme le temps passe… !





Nous sommes en 2085. La photo de l’hôtel de ville d’Harssons-la-Ville1 vient de paraître dans les journaux nationaux. Le président de la République a rencontré le Maire de la commune devant les caméras afin de lui remettre la légion d’honneur pour services rendus à la patrie…

Il faut dire que le petit village autrefois niché au pied d’une colline et dont l’intérêt ne tenait en ces temps anciens qu’à une longueur inhabituelle qui le cataloguait misérablement comme «  village typique de Picardie » s’est considérablement développé.

Aujourd’hui, grâce aux efforts des édiles qui se sont succédé, ce petit village est devenu cité tentaculaire, hérissée de tours et d’édifices dignes d’un grand pays comme la France, bâtiments d’ailleurs respectant tous la forme symbolique de l’hexagone comme la loi l’impose depuis un arrêté pris en 2011 par un édile visionnaire. Verticaux ou horizontaux, le choix était  laissé aux promoteurs. Un espace de liberté apprécié et salué par les Harssonnais et les Harsonnaises !

Les villes voisines, peu à peu rattrapées par le développement immuable ont de ce fait été rebaptisées Compiègne-lès2-Harssons, Villers-lès-Harssons, Soissons-les-Harssons … L’agglomération compte au dernier recensement pas moins de 500 000 âmes.
Le nouveau maire, petit fils du petit commerçant qui fut à l’origine de l’expansion exponentielle de la commune, vient donc de concrétiser le rêve de son aïeul, père et maire.

C’est ce qu’explique ce matin dans le Figaro, Romain de Géval. Le célèbre éditorialiste rend un vibrant hommage à celui qui, alors que ce siècle avait 11 ans, songeait déjà à l’édifice qui vient de remplacer l’humble bâtisse édifiée autrefois par des maires sans ambitions. Romain de Géval montre fièrement à la caméra un document d’époque où le téléspectateur stupéfait peut découvrir la trace d’un rêve longtemps caressé et que son petit fils X. Y. a su réaliser.

Une opération grandiose ! Jugez vous-même : en vente chez Christie’s, l’Hôtel de ville fut démonté pierre à pierre, chaque emplacement fut répertorié soigneusement ; transporté en convois exceptionnels ; puis le bâtiment est remonté et édifié au pied de la colline, au centre d’artères rectilignes partant dans les six directions règlementaires en  respectant scrupuleusement l’angle de 30 degrés.

Par autorisation spéciale, voici la photo prêtée par le service des archives de Harssons-la-Ville ainsi que le document retrouvé dans les archives municipales dans lequel apparaît pour la première fois la grande idée à l’origine de cette opération prestigieuse.


14 octobre 2011,
Albert Thomas Höchstler


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(1) - Ressons pourrait dériver du latin Rothus qui signifiait « Bois défriché – métairie ».
Après Ressontius en 858, puis Resson, Resuns, ou encore Ressonia, apparaît, Ressonus-Longus en 1821 qui deviendra Ressons-le-Loncq… et Ressons-le-Long à partir de 1827.

En 2019, Ressons-le-Long atteint 2000 habitants, ce qui lui confère le nom de Ressons-la-Ville.

La prononciation "picardo-nordiste" aboutira au nom actuel.

« D’où qu’ tu rest’ ?
- Mi, j’ rest’ à R’ssons ! Et ti ?
- Mi, min pat’lin, ch’est Bélinglise … »


(2) - du latin latus ("à côté") - Très employé dans les noms de communes





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