Quand Nanar est passé tout à l’heure chez Toni pour lui
rapporter la pédale qu’il avait réparée pour sa meule, il eut comme qui dirait
l’impression qu’il y avait de l’eau dans le gaz ; bref, que Toni faisait
la baboune !
Courageux mais pas téméraire, il s’abstint de toute
réflexion, mais Maria visiblement excédée ne prit pas autant de
précautions :
« Vous tombez
mal, Professeur Nanar ! Monsieur est vénère. Et vous ne savez pas
pourquoi ? »
L’interpelé n’eut pas besoin de s’enquérir ; il
était clair que Maria avait envie de monter au front et de vider son sac.
Se tournant vers son mari renfrogné :
« Ben,
dis-lui, toi, que je ruine les finances du ménage ! Que je gaspille le fuel ! Que je chauffe
la rue ! »
Toni crut utile de se justifier :
« Je
confirme : y avait au moins 25 degrés dans la baraque quand je suis rentré
ce matin à 7 heures. Les radiateurs étaient bouillants. Une véritable
étuve ! »
Et en guise de conclusion, cet aphorisme qui ne souffre
aucune discussion :
- Les femmes, ça
n’a pas de bon sens.
- Continue, mon
petit macho ; dis à ton ami combien tu envisages de me retenir sur
l’argent du ménage... Cinq cents euros, qu’il a dit, pas moins ! Faut dire
que le fuel est à 10 euro le litre chez Toni ! Pas mal, hein !
Le professeur n’en menait pas large ; prendre parti
est dangereux. Fuir est peu glorieux !
Un ange passe ...
Et repasse ...
« Je pense à quelque chose »,
hasarda le professeur ... « Je pense que le chauffage est réduit pendant
la nuit ... Et même coupé, peut-être ? »
«’fectivement »,
grogna Toni, toujours aussi peu aimable. « Et alors, ça change quoi ? »
« Et tu n’as jamais entendu parler d’inertie,
de temps de réponse ? »
La mauvaise humeur l’avait jusque là rendu idiot. La
curiosité le réveilla.
« Explique,
Prof ! »
« Voilà, » dit Nanar, « j’ai
une petite théorie sur le sujet. Bien entendu, tu n’es pas obligé de la
partager, mais je vais quand même te l’exposer, vu que chez moi, elle se
confirme depuis des années ...
Quand ton chauffage se remet en route, il
faut beaucoup de calories pour compenser le déficit de température. Un apport
important d’eau très chaude ... »
« Je comprends
ça, » dis Toni, « mais je
ne vois pas le problème : t’as un thermostat, Prof ; y va couper
aussitôt que ta température demandée est atteinte, non ? »
- Bien sûr qu’il va couper la circulation,
Toni, mais tu crois qu’il va vider tes radiateurs ? Faut le temps, mon
gars ! L’eau va continuer pendant un bon bout de temps à chauffer ta pièce
... Et tu vas te retrouver avec 21, 22, parfois 23 degrés. Et en entrant, tu
vas râler comme un âne rouge !
Et tu vas engueuler Maria !
Dire que Toni était convaincu serait hasardeux, mais il
réfléchissait, ce qui est un signe d’intelligence trop peu courant chez nos
semblables.
« Alors, c’est
quoi qu’il faut faire », finit-il par dire ?
« Déjà, au départ, ne pas engueuler sa femme, »
déclara Nanar « ce n’est ni juste ni efficace. Lui piquer l’argent du ménage, ça n’arrangera
pas non plus ta gamelle ... »
Toni avait un peu perdu de son assurance.
« T’as
sûrement un truc à me proposer, vieux filou ! »
« Je n’ai pas, » dit Nanar, « une
solution géniale. Pas une révélation capable d’éblouir le petit râleur qui
commence par gueuler avant de réfléchir, mais voilà comment je fais : le matin,
je mets le thermostat sur 18 ; les radiateurs chauffent ... Je mets 19 au
thermostat quand on a 19 dans la pièce... »
« Et quand il
y a 20 dans la pièce, tu le mets à 20 ! »
« Je vois que
tu as tout compris, » dit Nanar. « Un bon point pour toi : t’es
pas con ! »
« Et j’espère que Maria acceptera tes excuses
... »
« A plus ! »
Toujours il y a un rapport entre l'actualité municipo-communale et les "démêlès" du trio Toni - Maria - Nanar.
RépondreSupprimerLà, j'avoue humblement ne pas imprimer.
Y a-t-il une relation avec la réunion d'hier soir du conseil municipal ?
On m'a dit qu'il y a eu huis clos !
L'association a utilisé la salle communale dite "multifonctions", vendredi soir dernier.
SupprimerAu motif que le radiateur était chaud le samedi matin, consigne a été donnée à la secrétaire de mairie de ne pas restituer le chèque de caution.
Sans retour de caution, le trésorier a refusé de rendre les clés.
Le maire en a fait un caca nerveux dont il a fait débattre le conseil municipal en questions diverses !
Merci pour ces précisions.
RépondreSupprimerNon !!! des radiateurs (sans doute en fonte) encore chauds le samedi après une réunion le vendredi soir ? Mais c'est proprement scandaleux ! Je parie que vous avez aussi utilisé de l'électricité, bande de dilapidateurs, réchauffeurs de planète. Par votre faute le budget municipal va vaciller, lui qui est si bien géré, à l'euro près, si judicieusement utilisé en fonction des besoins directs des habitants.
Ça sent l'arrêté municipal sur l'utilisation de la salle polyvalente (je préfère à multifonctions, qui ne veut pas dire grand chose, il y a un côté robot de cuisine, mais bon) pour les réunions non labellisées, estampillées, approuvées par la Mairie.
Donc mieux vaut faire ses réunions l'été dans l'après-midi.
Visiteur, si par une soirée d'hiver tu croises à Ressons d'étranges personnages, tenant à main gauche un Zibro et à main droite une bougie ou une lampe à pétrole, convergeant vers un lieu unique, ne prends pas peur, il s'agit juste de l'AG d'une asso. d'irréductibles non reconnue par la mairie.
Le tout est de savoir si le prochain conseil municipal se fera radiateurs fermés et chaudière éteinte....
Situation grotesque et abracadabrante créée de toutes pièces par le maire...Encore un inédit !
RépondreSupprimerComme nous n'avons pas touché au chauffage, si problème il y a eu, ce qui reste à prouver, il ne peut venir de nous.
Comment alors récupérer le chèque de caution ?
Après un exposé de nos soucis auprès de la Gendarmerie et de la Sous-Préfecture ( eh oui, encore ! ) la présidente se rend à la mairie avec 2 témoins .
Le maire ne se montre pas...
Mme Lucot, première adjointe, semble admettre nos arguments et reconnaît que cette anomalie du chauffage est récurrente; elle se contenterait d'une "déclaration sur l'honneur " attestant de notre "innocence".
Une déclaration sur l'honneur ! Je refuse les termes. Notre garantie suffira. Nous signons tous les trois, rendons les clés et récupérons le chèque.
Mais ce n'est pas fini ! Le soir, lors de la réunion du Conseil Municipal, M. le maire s'étend longuement sur l'évènement dans sa version personnelle : innocentés à 17h, nous sommes à nouveau coupables à 20h devant tout le conseil municipal.
On s'interroge donc autour de la table sur la suite à donner à ce forfait imaginaire, le maire commente abondamment l'irresponsabilité de cette association dont les membres ne sont même pas capables de surveiller un thermostat... automatique.
Le conseil s'esclaffe.
Quand le règlement interdit au public de parler et même de soupirer sous peine d'être exclu de la salle, on peut se faire plaisir sans s'exposer !
Courageux mais pas téméraire !
C'est vrai que le village est dynamique.
SupprimerPas le temps de s'ennuyer avec un maire comme ça !
Vous ne savez pas encore que le maire a toujours raison : il sait tout voyons et jamais n'acceptera que quelqu'un puisse dire qu'il se trompe et qu'il dit de grosses bêtises, et pourtant !!!!!
RépondreSupprimerDisons tout de même que c'est consternant. J'ai du mal à comprendre que son entourage puisse cautionner un tel comportement. Il ne se rendent même pas compte qu'ils sont la risée d'autres communes.
Son cercle d'admirateurs le fuira et l'évitera dès qu'ils auront compris ce qu'il est vraiment ... Fatalement, ça arrivera !
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