vendredi 11 novembre 2011

Les entretiens du professeur Nanar (7)



CATASTROPHISME


Y avait pas plus de 7 heures qu’on était mardi quand le carillon de la porte d’entrée le fit sursauter ...


Devant la mine affolée du visiteur, livide et mal rasé, visiblement fatigué, sa mauvaise humeur s’évanouit : Toni, encore lui, une méchante feuille de papier1 entre ses gros doigts aux ongles torturés par la terre et le ciment, restait sur le seuil ...


« Regarde, Prof’ ! J’ai pas dormi c’te nuit. On n’est p'us en sécurité. C’est marqué là, si vous voulez lire ! »

Le professeur Nanar intrigué parcourut consciencieusement le petit billet, recto, verso, en faisant de temps en temps des hum- hum bien impossibles à interpréter, rendit le document lourd de menaces, puis essuya ses lunettes pour se donner du temps ...

« Alors », dit-il enfin, « tu crains quoi ? »

- Ben, c’est marqué là : y a des cambrioleurs qui surveillent les maisons, des escrocs qui s’introduisent, qui... comment qu’il dit le papier ... qui ...

- Bon, tu veux dire : qui proposent leurs services pour nettoyer la mousse sur les toits, nettoyer les gouttières, traiter les charpentes, élaguer les arbres ... Tu sais que tu dois faire très attention aux branches qui trainent sur les fils et que ça pourrait te coûter cher !

Un peu interloqué, le Toni semblait chercher le sens de ces propos.

- Euh, oui, j’ dis pas. J’ voyais pas ça comme ça, mais t’as raison, Prof, si c’est des gars comme moi qui z’ont p’us d’ boulot, pis qui z’ont pas peur de bosser dur, pis qui te demandent pas la charité. Juste un peu de travail, de quoi bouffer, non, je dis pas ...

- Tu vois le problème, Toni, faut toujours réfléchir : des escrocs, c’est pas d’hier. Il y en aura toujours et il faudra toujours rester vigilant. Mais exploiter un évènement sans importance pour affoler la population, ça aussi, c’est vieux comme le monde. Chez nous, faudrait pas que ça soit le far-west avec le shérif qui surveille l’étranger qui passe, le soupçonne, le surveille, le menace, le traîne en justice ...

Allez, rentre chez toi et si tu crains pour tes petites pièces jaunes que tu économises pour acheter des jouets à ton gosse …

- Qu’est-ce que vous racontez ?

- Arrête, Toni : tu les laisses traîner sur le buffet de l’entrée dans un bol en bois. Je les vois à chaque fois. Ne les laisse pas en vue !
Pis, je vais te dire encore un truc : y en a qui sont plus gourmands que les amateurs de petites piécettes : j’en connais qui ont des vues sur ton petit lopin de terre. C’est des voraces. Alors préviens le maire ; il saura sûrement te protéger !

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1 - Voir ci-dessous les extraits du fac-similé.





4 commentaires:

  1. "Vague de cambriolages"..Où ça ? A Ressons ? Bizarre, ma feuille de chou quotidienne qui n'oublie jamais de signaler une voiture brûlée, une agression de personne âgée ne m'a pas alerté sur cette vague.
    Ni sur du démarchage abusif.
    Que dois-je penser ? Que mon journal a changé de ligne et ne compte plus sur les faits-divers pour attirer le chaland ?
    Ou que d'autres s'en inspirent ?

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  2. En Juin 2009, le bulletin municipal disait ceci :

    "Répartition des responsabilités

    Lors de sujets particuliers, certains se sont étonnés de ne pas avoir eu affaire au maire.
    Le maire ne peut être omnipotent et les responsabilités ont été dès le début partagées entre conseillers.
    C’est la raison pour laquelle, le maire n’intervient pas pour tout !
    Des délégations de fonctions existent et rendent ainsi compétents ceux qui les ont reçues."

    Pourtant depuis de nombreuses semaines, mois, n'apparaît plus qu'un seul personnage qui s'occupe de multiples tâches : sécurité, urbanisme, site internet, baptême de bovin, surveillance des lignes électriques, rédaction de bulletins illustrés de photos, visite des égoûts...

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  3. Très louable de se préoccuper de la sécurité des biens et des personnes de sa commune et de prévenir ses administrés des multiples dangers qui les menacent.
    C'est, en effet, le rôle du maire.
    On eût aimé le même sens du devoir et le même empressement de la part de l'équipe municipale quand le maire lui-même a eu l'idée de s'emparer de terrains privés pour réaliser son rêve personnel de " bâtisseur ".
    Lajane

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  4. Avec un blason à la clé,
    Mon la se mettrait à gonfler.
    On dirait par tout le pays
    Le joueur de flûte a trahi..

    Rien à voir avec le sujet de l'article. C'est le blason de Ressons qui me fait penser à Brassens.
    Il est drôle le dragon on dirait une grosse poule rouge.

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