LA VOIE DOUCE
Pour faire « passer » une médecine particulièrement infâme, et généralement totalement inefficace quand elle ne tuait pas tout bonnement son destinataire, les apothicaires enrobaient leur médication dans une fine pellicule d’or, à laquelle ils attribuaient de surcroit des vertus thérapeutiques !
Inutile de préciser l’incidence de cette pratique sur le prix de vente du produit. Quant au cheminement de la feuille d’or, il serait malséant d’en suivre le parcours.
Voilà donc l’origine d’une expression toujours en usage : « dorer la pilule ».
Seuls, les chocolats, de nos jours, sont encore présentés parfois de cette manière. Inutilement vu qu’ils sont excellents et qu’ils seront juste dévorés en premier.
Mais il est bien d’autres manières de « faire avaler la pilule », toutes inspirées par ce qui précède et qui ne nécessite qu’un peu d’imagination au départ. Après quoi, on répète à l’envi...
Ça ne coûte rien de se répéter. Et ça peut impressionner dans les chaumières ; ces gens de la campagne sont si frustes et si arriérés : « la voie douce » pour vous « balader », vous « promener » dans tous les sens du mot.
Cependant, « la voie douce » en question n’est jamais qu’un petit sentier inutile, tracé à la hache dans un petit bois extorqué à ses propriétaires, débouchant dans des terrains qu’il faudra prendre de force, remplaçant un large chemin vert existant depuis belle lurette et qui ne coûte pas une piastre à la commune.
Voie douce par la voie(x) forte, la voix de l’autorité en place. Méthode édifiante : votre terrain m’intéresse ; inutile de gueuler : nous avons l’aval du maire !
Dans « la Traversée de Paris », écoutez Gabin, jouant un personnage plus méprisable encore que son complice d’un soir, lui proposant de faire main basse sur le contenu de leurs valises et d’en partager le bénéfice :
Adieu, cochon de Jambier. Bonjour cochon de Grandgil !
Serions-nous aussi des « salauds de pauvres » ?
A la Trésorerie, la voie douce existe déjà. N'y touchons pas ! |